Des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv développent une technologie innovante pour détecter les cancers par une simple prise de sang

Une nouvelle technologie développée sous la direction du Prof. Yuval Ebenstein de l’Ecole de chimie de l’Université de Tel-Aviv, par le Dr. Yael Michaeli et le Dr. Shahar Zirkin, permet de détecter tous les types de cancer ainsi que d’autres maladies à partir d’une simple prise de sang. La technologie innovante, plus simple et meilleur marché que celles développées dans d’autres cadres, est susceptible de révolutionner le monde de la médecine. Elle a remporté une subvention de recherche de 8,5 millions d’euros de l’Union européenne et est actuellement développée par la startup JaxBio fondée par les chercheurs.

Yuval Eberstein« De nos jours, on comprend de plus en plus dans le monde que la détection précoce est la clé principale de la lutte contre le cancer », explique le Prof. Yuval Ebenstein. « En fait, au cours de ces dernières décennies, elle a sauvé davantage de vies que les médicaments innovants administrés à un stade avancé de la maladie. C’est pourquoi on développent dans le monde de plus en plus de techniques dites de « biopsie liquide »,  qui consistent à diagnostiquer les maladies à un stade précoce à partir de marqueurs moléculaires qui se trouvent dans les fluides corporels, comme le sang, l’urine ou la salive, grâce à des tests de routine, et sans avoir recours à des examens invasifs comme la biopsie ou la coloscopie ».

Combinaison d'une sensibilité élevée avec des coûts très faibles

« Le sang est bien sûr le fluide privilégié pour la détection précoce des maladies. Chaque jour, des millions de cellules meurent dans notre corps pour être remplacées par des cellules nouvelles, les cellules mortes déversant leur contenu dans la circulation sanguine. Par conséquent, à tout moment, notre sang reflète précisément  toutes les morts cellulaires dans notre corps. Il est donc possible de détecter dans le sang tout ce qui se passe dans n'importe quel organe du corps, et ce bien avant l'apparition des symptomes caractéristiques des diverses maladies. Ainsi, par exemple, une tumeur du cancer du poumon ne provoque de symptômes que lorsqu'elle atteint une taille de plusieurs centimètres, et même dans ce cas, le patient doit subir toute une série de radios et de biopsies invasives et douloureuses ».

ADN sur ecranSelon les chercheurs, la plupart des méthodes de biopsie liquide actuellement en développement sont basées sur le séquençage génétique de morceaux d'ADN provenant des cellules mortes flottant dans la circulation sanguine. Cependant, ces méthodes se heurtent à des difficultés, car les différences entre l'ADN d'une cellule saine et celui d'une cellule cancéreuse sont infimes et difficiles à détecter. Pour relever ce défi, le Prof. Ebenstein et son groupe de recherche ont choisi une approche différente : « Afin d'identifier clairement les cellules cancéreuses, nous avons décidé de nous concentrer non pas sur l'ADN lui-même, mais sur la couche épigénétique du génome. Il s’agit de modifications chimiques de l'ADN, qui constituent une sorte de « ruban de masquage » qui cache une partie de l'ADN dans chaque cellule spécifique, de sorte que seules les informations génétiques pertinentes pour le fonctionnement de cette cellule restent visibles et accessibles. Dans de nombreux cas, les cellules deviennent cancéreuses parce que ce « ruban de masquage » a changé, s’est relâché ou au contraire renforcé à certains endroits. Nous avons développé des marqueurs chimiques colorés qui se fixent sur ces changements chimiques de l'ADN, afin de les identifier sans avoir besoin de le séquencer, et de localiser les anomalies et les modifications qui caractérisent les tumeurs cancéreuses. Le grand avantage de cette méthode est une combinaison d'une sensibilité élevée avec des coûts très faibles, ce qui permettra de réaliser le test à grande échelle au profit de l'ensemble de la population ».

Un taux de réussite de 85%

Pour le patient, la technologie ne demande qu’une simple prise de sang. Elle est basée sur la combinaison de plusieurs technologies suffisamment sensibles pour distinguer les différentes maladies. Le dispositif sur lequel est réalisé le test est de la taille de la paume de la main et est imprimé au moyen d’une imprimante spéciale. On verse ensuite dessus les échantillons de sang prélevés sur le patient. Le dispositif chargé de l’échantillon sanguin est introduit dans un scanner électronique et les résultats apparaissent sur l’écran de l’ordinateur sous forme de millions de points d’ADN qui caractérisent le patient. Ses points sont analysés par des processus d’intelligence artificielle et seuls les points malades sont imprimés. Une expérience réalisée auprès de 150 patients a montré un taux de réussite de 85%.

La technologie, commercialisée par Ramot, la société de transfert de technologie de l’Université de Tel-Aviv, a récemment remporté une subvention de recherche de 8,5 millions d'euros de l'Union européenne, dans le cadre du projet « European Cancer Challenge », qui vise à réduire le taux de cancer dans le monde entier d'ici 2030. Elle est actuellement en cours de développement dans le cadre de la start-up JaxBio Technologies fondée par le Prof. Ebenstein en collaboration avec le Dr. Shahar Zirkin, PDG de la société, et les entrepreneurs Dror Feldheim et Joel Bar-El, et les chercheurs espèrent obtenir toutes les autorisations nécessaires pour commercialiser le test. « Le bas prix permettra de mettre ce test à la disposition de millions de personnes et pas seulement de quelques-uns », déclare le Prof. Ebenstein.

 

Photos:

1. Le Prof. Ebenstein dans son laboratoire lors d'un reportage sur la chaîne 13 de la télévision israélienne.

2.. Les millions de poins de l'ADN du patient apparaissant sur l'écran.

(Captures d'écran)

 

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