Une étude génétique révèle les origines de la communauté druze

Le Prof. Eitan Friedman de l'Université de Tel-Aviv et du Centre médical Chaim Sheba de Tel Hashomer a participé à une étude internationale pionnière en son genre confirmant l'histoire de la communauté druze: sa formation génétique remonte au 11ème siècle, et elle n’a depuis subi l’impact génétique d’aucun autre groupe ethnique. Le patrimoine génétique des Druzes est donc bien en corrélation avec les croyances de la communauté à l’égard de ses origines.

L’étude, dirigée par le Prof. Gil Atzmon du Département de biologie humaine de l'Université de Haïfa, avec la participation  du Prof. Jamal Zidan de l’Université de Bar Ilan, du Dr. Dan Ben-Avraham de l’Albert Einstein College of Medicine de New-York, du Dr. Shai Carmi de l’Université de Columbia à New York, et du Dr Taiseer Maray de l'organisation Golan pour le développement, a été publiée dans la revue European Journal of Human Genetics – Nature.

Un patrimoine génétique inchangé

Les Druzes font remonter l’origine de leur communauté à un schisme religieux au 11ème siècle sous le sixième calife de la dynastie fatimide d'Egypte. Il y a actuellement 1,5 millions de Druzes à travers le monde, résidant principalement en Syrie et au Liban, en Jordanie et en Israël (environ 118 000). Selon la tradition, ils se marient uniquement à l’intérieur de leur communauté. L’équipe internationale de chercheurs avait pour but d’examiner si les Druzes d'aujourd'hui ont un patrimoine génétique similaire et le cas échéant, quand ce réservoir génique a commencé à prendre forme.

L'étude a inclus 120 participants appartenant à quarante familles, dont vingt originaires du village de Beit Jan situé en Haute Galilée et les autres de Majdal Shams, sur le plateau du Golan. Les familles ont été sélectionnées en fonction de l'origine de leurs familles élargies (clans), de leurs noms de famille et de l'information transmise oralement de génération en génération. La mère, le père et le fils de chaque famille ont été génétiquement testés. Toutes les familles qui ont participé à l'étude provenaient de clans différents afin que l'échantillon soit représentatif ; en ont été exclus les personnes possédant des relations familiales de premier ou deuxième degré avec les autres participants à l’échantillon, de manière à optimiser la précision génétique de l’étude.

Quelques centaines de familles fondatrices au 11e siècle

Les résultats indiquent que les Druzes partagent  en effet un degré élevé de  similarité génétique qui les distingue sensiblement des membres des autres groupes et communautés du Moyen-Orient. En remontant dans le temps pour découvrir la source de cette similitude génétique, les chercheurs ont pu revenir 22 à 47 générations en arrière (suivant les différentes d'opinion sur la durée d'une génération), au 11e siècle. A ce moment-là, ils ont constaté un «goulot d'étranglement» génétique, c'est-à-dire que l'origine génétique de la plupart des descendants a pris fin, la population de la communauté a diminué et les individus sont devenus semblables génétiquement. Selon les chercheurs, les ancêtres de la communauté se limitent à plusieurs centaines de familles fondatrices au 11e siècle. Ils ont également constaté qu'il n'y a aucune trace de nouveaux gènes qui soient entrés dans le patrimoine génétique druze au cours des 1000 dernières années. En d'autres termes, aucun groupe supplémentaire de l'extérieur n’a rejoint cette communauté. En outre, les chercheurs ont trouvé des preuves de différences génétiques entre les populations druzes des différentes régions: Liban, hauteurs du Golan, Haute Galilée et Mont Carmel, ceci renforçant la preuve que les mariages de la communauté ont lieu uniquement à l’intérieur de chaque clan.

Identifier les maladies génétiques

Eitan FriedmanAutre constatation intéressante : en remontant encore plus loin dans le temps, les chercheurs ont découvert un groupe génétique formant la base des ancêtres de la communauté druze, apparu 500 années avant le début de la religion druze, autour du 6ème siècle et au moment de la naissance de l'Islam.

Selon cette étude, le génome druze est en grande partie similaire au génome d'autres populations arabes du Moyen-Orient. Les chercheurs ont également trouvé certains éléments génétiques dans le génome druze en provenance d'Europe, d'Asie centrale et d’Asie du Sud (de la région de l’Iran) et en Afrique.

« Notre prochaine étape est d'essayer d'identifier la composante génétique des maladies courantes de cette communauté, en particulier des maladies à base génétique, comme le cancer et le diabète en s’aidant de la structure de la famille traditionnelle. Nous prévoyons également à l'avenir des études similaires des populations musulmanes et chrétiennes d’Israël » a conclu le Prof. Friedman.

 

Sur la photo : rassemblement des membres de la communauté druze lors des funérailles de l’officier de police israélien druze Zidan Saif dans le village de Yanuh-Jat au nord d’Israël le 19 novembre 2014.