Faites connaissance avec le Dr. Adi Stern, directrice du Laboratoire pour l'étude de l'évolution des virus de la Faculté des sciences de la vie de l'Université de Tel-Aviv, dont l’une des recherches a permis de mettre au point un nouveau vaccin plus sûr contre la polio. Entre le travail intensif en laboratoire, les conférences, l’écriture d’articles et le temps consacré à ses trois enfants : voilà à quoi ressemble la journée d’une scientifique.
Le Dr. Adi Stern (39 ans), a obtenu sa licence avec excellence en biologie, psychologie et mathématiques à l’Université de Tel-Aviv, avait de faire sa maîtrise puis son doctorat dans le département de recherche cellulaire et d'immunologie de la Faculté des sciences de la vie. Elle est revenue à l'université après trois ans passés en Californie pour réaliser son post-doctorat dans le cadre de deux départements importants: le Département de microbiologie et d'immunologie de l'Université de Californie à San Francisco et le Département de biologie intégrative à Berkeley.
Résoudre les énigmes
En 2005, elle a été choisie pour faire partie du forum international des 100 BioLeaders de demain, regroupant les 100 meilleurs étudiants du monde destinés à devenir les futurs leaders dans le domaine de la biotechnologie et des sciences de la vie. En 2008, elle a été sélectionnée par le journal « Ha'aretz » comme l'un des dix jeunes scientifiques les plus prometteurs d’Israël.
L'une de ses études a montré que le vaccin atténué contre la polio pouvait se révéler agressif et provoquer une flambée de la maladie, et a abouti au développement d’un nouveau type de vaccin plus sûr contre la polio.
« La biologie est l'un des domaines où il y a le plus de choses que l'on ne comprend pas vraiment complètement », explique le Dr. Stern « Ce sont les énigmes qui m’intriguent et m’amusent le plus. Enfant, je m'intéressais à tout. Ma mère était artiste et mon père physicien, j’ai donc eu accès aux deux mondes. Ce que je préférais, c’était les énigmes et les puzzles, tout ce qu’il fallait essayer de résoudre et de comprendre ».
« La journée d'un scientifique comprend un grand nombre d'éléments très différents et très diversifiés», poursuit-elle. « Je passe beaucoup de temps avec les étudiants de maitrise et de doctorat, à organiser les expériences, examiner les résultats et réfléchir à ce qu'il faut faire. C'est le niveau scientifique. Sur le plan humain il faut réfléchir à la manière de faire germer la motivation chez les étudiants, comment en faire sortir le meilleur d'eux-mêmes. C’est cela qui est très important pour moi car c'est là que je peux éduquer, élever la prochaine génération ».
"99% du temps d'un chercheur, ce sont des échecs"
Dans le laboratoire qu’elle dirige, on étudie l'évolution des virus de la rhinopharyngite : « Nous cultivons des virus, et suivons leur évolution, c'est-à-dire comment ils se transforment au fil du temps. Le virus de la rhinopharyngite, par exemple, est un virus qui nous attaque tout le temps, mais n'a pas de solution médicale. Nous sommes constamment malades de ce virus, et l'une des questions que nous nous posons est la raison pour laquelle nous ne parvenons pas à développer de résistance à ce virus, alors que nous sommes résistants à d’autres » explique-t-elle.
« La raison en est que ce virus est en constante évolution, et c'est ce que nous étudions. Nous élevons ce virus, suivons les changements qu'il subi et essayons de comprendre ce qu'il y a de spécial chez ce virus qui évolue si vite ».
« 99% du temps d’un chercheur, ce sont des échecs. Mais même le plus petit succès, comme celui d’arrive à ce que la cellule se divise correctement, est déjà une réussite ».
"La maternité m'apporte le plus en tant que scientifique"
Entre son travail intensif au laboratoire, ses conférences et ses articles, le Dr. Stern Grundland trouve encore du temps à consacrer à sa famille, et elle essaie de constituer un modèle et une source d'inspiration pour les femmes plus jeunes : « La maternité est très importante pour moi, et je passe beaucoup de temps avec mes enfants. Il très est important pour moi de présenter un modèle sain et équilibré aux femmes plus jeunes, et de montrer que je suis une mère et d’être entière avec moi-même ».
« De mon point de vue, la maternité m’apporte le plus en tant que scientifique. Car lorsque je sais que je vais m'amuser avec mes enfants et leur consacrer du temps, je suis plus entière dans ma recherche. Israël est un pays qui n'a pas de ressources naturelles, nous avons notre esprit et la technologie. Et la technologie repose sur la science. Pour moi, c'est ça l'avenir ».
Adapté d'une interview dans Ynet
Photo: Yogev Attias