A l'occasion de l'ouverture de l'année universitaire, le Département d'Etudes bibliques de l'Université de Tel-Aviv lance le premier programme au monde d'étude et de recherche sur les manuscrits sacrés de la communauté juive éthiopienne, dans le but de préserver la tradition biblique orale transmise par les Kesim, les chefs religieux des Beta Israël, en danger de disparition.
Le programme, connu sous le nom de «Tofsé Haorit» (« Les Gardiens de la Tora »), nom de la Bible éthiopienne, est actuellement réservé aux étudiants de deuxième cycle, mais devrait inclure dans l’avenir également un premier cycle et une filière doctorale.
« Les livres saints des Beta Israël sont accompagnés de traditions orales de traductions et d'interprétations, ainsi que de prières écrites par les Kesim pour leurs communautés au fil des générations », explique le Prof. Dalit Rom-Shiloni, initiatrice et Directirce du programme. « Ces trésors culturels risquent d'être détruits si on ne fait pas maintenant un effort pour les consigner et les préserver, et c'est notre objectif principal. A notre grande joie, le programme a été accueilli avec enthousiasme par les membres de la communauté universitaire éthiopienne qui possèdent une profonde conscience sociale, et cherchent à préserver leur patrimoine pour les générations futures ».
Une riche tradition de prières en langue guèze
Les cours du nouveau programme seront assurés par des enseignants du Département d’Etudes bibliques, ainsi que par le Dr. Anbessa Teferra, Directeur du programme de linguistique sémitique du Département de langue hébraïque et de linguistique sémitique, et le Dr. Ran Hacohen du Département de littérature. Le comité académique du programme est dirigé par le Dr. Diana Lipton, avec la participation d'enseignants de trois départements de l'Université de Tel-Aviv : Etudes bibliques, Linguistique sémitique et Littérature.
« Aujourd'hui, nous possédons tous chez nous une version uniforme du texte de la Bible, fixé jusqu'au niveau des diacritiques et des lettres isolées, basée sur le 'texte massorétique' rédigé à Tibériade entre le sixième et le dixième siècle après JC », explique le Prof. Rom-Shiloni, « Mais il est clair que les traditions de l'écriture de la Bible remontent à de nombreux siècles auparavant. Des recherches menées sur des textes de la période du Second Temple, et en particulier les études sur les Manuscrits du Désert de Judée, montrent qu'au cours des derniers siècles avant JC, les Juifs des diverses communautés possédaient une grande variété de versions de la Bible, qui étaient similaires entre elles, mais certainement pas identiques ».
« Les Juifs d'Ethiopie qui ont immigré en Israël ont apporté avec eux leur propre version, écrite dans la langue guèze, une ancienne langue sémitique aujourd’hui connue uniquement des Kesim (les officiants) qui pratiquent la liturgie. A côté des textes écrits, s'est développée au fil des générations une riche tradition de prières en langue guèze et de traductions et d'interprétations orales transmise par les Kesim pour leurs communautés dans les langues qui leurs étaient connues, l'amharique et le tigrinia. Mais l'Aliya en Israël a considérablement changé le mode de vie de la communauté éthiopienne et modifié le statut des Kesim et leurs processus de formation, et ces trésors culturels sont aujourd'hui en danger d'extinction. Le programme ‘Tofsé Orit’ est, dans un certain sens, une 'opération de sauvetage' de ce patrimoine très important ».
Un projet pionnier et particulièrement émouvant
Le groupe d'étudiants qui commencera le programme en 2020-2021 est composé presque en totalité de jeunes de la communauté éthiopienne, conscients de leur patrimoine et désireux de prendre part à l'effort entrepris pour le préserver. « Eux seuls sont capables de faire ce travail », explique le Prof. Rom-Shiloni. « Contrairement aux autres chercheurs, ils connaissent l'amharique et ont accès aux Kesim âgés. Il s'agit d'un projet particulier, pionnier et particulièrement émouvant. Les étudiants qui y prennent part font montre d'une motivation et d'un engagement exceptionnel, car ils comprennent que la préservation de cet héritage est entre leurs mains. S'ils ne le font pas, cela ne se produira tout simplement pas. Et cet héritage, si important et cher à leurs yeux, sera tout simplement perdu. Nous pensons que les recherches qui seront menées dans le cadre de ce programme contribueront à renforcer l'identité juive de la communauté juive éthiopienne en Israël, amèneront une plus grande conscience de leur culture au sein de l'ensemble de la population, et établiront la place de l'enseignement et de la recherche sur le patrimoine des Juifs d'Ethiopie, dans ses aspects culturels, historiques, linguistiques, religieux, spirituels et sociaux, dans les universités israéliennes et internationales ».
Crédit photos: Université de Tel-Aviv
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