D’après une étude du Prof. Nira Liberman, du Dr. Maayan Katzir et du doctorant Aviv Emanuel du Département de psychologie de l’Université de Tel-Aviv, la prise de conscience de délais imminents aiguise les performances cognitives et améliore la vitesse d'execution, car elle influence notre manière de gérer notre énergie. Selon les chercheurs, les résultats de l’étude suggèrent un moyen simple, efficace et peu coûteux d'améliorer les performances cognitives, applicable dans de nombreux contextes éducatifs et professionnels.
Elle a été publiée récemment dans la revue Cognition.
Les chercheurs ont mené deux expériences auprès de 64 étudiants de premier cycle. Dans la première, les étudiants ont été invités à effectuer une tâche complexe, comprenant quatre activités différentes entre lesquelles ils devaient jongler. Deux étaient des tâches de Stroop, expérience psychologique bien connue portant le nom du psychologue John Ridley Stroop qui l'a conceptualisée, consistant à dénommer la couleur de mots écrits dont certains désignent eux-mêmes d’autres couleurs (par exemple, le mot ROUGE s'affichant en bleu). Les deux autres étaient des tâches spatiales, dans lesquelles les participants devaient indiquer la direction de flèches. Les participants devaient en même temps ignorer des stimuli distrayants qui leur étaient proposés. Ils ont également été informés que les 25% d’entre eux qui fourniraient les réponses les plus exactes recevraient une récompense monétaire.
De meilleurs résultats
Les participants ont dû réaliser 10 blocs de 240 tests, soit un total de 2 400 tests. Ils ont été divisés en deux groupes: l’un a reçu des informations sous forme de feed back sur le nombre de blocs achevés au fur et à mesure, et donc sur la progression vers l'objectif (quelle part de la tâche reste encore à accomplir), tandis qu’on a laissé l'autre terminer la tâche à son propre rythme. Aucun des deux groupes n'a reçu de feedback sur la qualité de ses performances, afin de ne pas les démotiver. Après les troisième, sixième et neuvième blocs, on a également demandé aux participants d’évaluer leur degré de fatigue, d’ennui et d’énergie, et leurs réponses ont été utilisées pour calculer un score de fatigue.
La deuxième expérience était construite sur le même modèle, mais avec davantage de blocs : les participants ont été invités à effectuer douze blocs de 240 essais, soit un total de 2 880 blocs.
Dans les deux cas, les participants ayant reçu un feedback, c’est-à-dire qui savaient combien de blocs ils avaient complété par rapport au total, montraient des performances plus élevées au niveau de la vitesse et de la précision, particulièrement vers la fin de l'expérience, suggérant que le fait qu’ils aient été conscients du temps qui leur restait pour terminer leur tâche les avait aidé à se concentrer davantage, à économiser leur énergie et à obtenir de meilleurs résultats. Ces participants ont également passé moins de temps à faire des pauses vers la fin que ceux qui n'ayant reçu aucun feedback informatif, bien qu'ils n'aient pas déclaré se sentir moins fatigués.
Une motivation plus élevée
"Nous avons constaté que les participants recevant un retour sur l’état d’avancement de leur tâche ont atteint un niveau de performance plus élevé, rapporté moins de fatigue et pris des pauses plus courtes entre les blocs par rapport au groupe de contrôle", ont déclaré les chercheurs. " Ces résultats suggèrent que le niveau de performance reflète non seulement la capacité (comme on le suppose généralement) mais également la motivation. Nous suggérons que lorsque les individus savent quand une tâche prendra fin, ils y investissent davantage d'efforts, car le fait de renoncer à d'autres activités pour réaliser la tâche en question devient moins coûteux, et parce que savoir quand une tâche se terminera libère l'acteur de la nécessité de réserver ses efforts. Lorsque nous sommes conscients du fait qu'une tâche fastidieuse est presque terminée, nous savons également que les activités de loisirs sont à notre portée : rester engagé dans notre tâche et prendre moins de pauses nous rapproche de cette perspective plus agréable. A l’inverse, si nous ne savons pas combien de temps nous allons nous engager dans une tâche particulière, il est peu probable que nous y consacrions toute notre énergie, alors que si nous savons que la fin est proche, nous nous sentons plus à même de faire de notre mieux sans craindre de manquer d'énergie. Ces résultats suggèrent un moyen simple, efficace et peu coûteux d'améliorer les performances cognitives, applicable dans de nombreux contextes éducatifs et professionnels ".