Le 10e Prix d’architecture au nom de Michel Gelrubin, placé cette année sous le signe de la crise du climat et des épidémies mondiales, a été décerné par l’architecte mondialement connu Moshe Sfadie, lors d’une cérémonie qui a pris place lors des évènements du Conseil des Gouverneurs de l’Université de Tel-Aviv, en présence du Prof. Eran Neuman, Doyen de la Faculté des arts, de Dafna Meitar-Nehmad, Présidente du Conseil des Gouverneurs, et des membres de la famille Gelrubin. Le projet gagnant était une proposition pour la conception du musée de l’Holocauste à Montréal.
Le Prof. Eran Neuman remercie la famille Gelrubin, ainsi que les Amis français et les Amis américains de l’Université de Tel-Aviv, qui ont rendu possible la pérennité de ce Prix depuis dix ans : « Le prix Michel Gelrubin est devenu un prix international. Les projets de cette année ont été soumis par des étudiants de tous les pays, même de Syrie et d’Iran, et des meilleures universités dans le monde, y compris Harvard et l’Université de Tokyo. Nous sommes fiers de l’excellence et de la créativité de nos étudiants tant israéliens qu’étrangers ».
Environnement, culture et racines
« Il s’agit d’un évènement incroyable », a déclaré Amos Elad, Vice-Président de l’Université de Tel-Aviv pour les ressources. « Ce mélange de nationalités du monde entier, c’est exactement ce que nous voulons à l’Université de Tel-Aviv. Merci à la famille Gelrubin qui soutient l’Université depuis trois générations ».
L’enjeu du prix d’architecture Michel Gelrubin 2023 était de réfléchir à la manière dont la conception et la planification architecturales doivent se redéfinir face aux défis mondiaux, notamment la crise du climat et les pandémies. Les projets devaient également être porteur d’un message clair relié à la situation de la localité dans laquelle ils doivent être réalisés, en mettant l’accent sur les aspects environnementaux, culturels et sociaux et leurs conséquences sur la planification architecturale, tout en s’enracinant dans le passé du lieu et en offrant une vision d’avenir.
Le jury de cette année était présidé par Moshé Sfadie, architecte et urbaniste israélo-canadien-américain de renommée mondiale, auteur de projets de grande envergure dans le monde entier, dont l’ensemble Habitat 67 à Montréal, le musée des Beaux-Arts à Ottawa, les nouveaux bâtiments du musée Yad Vashem à Jérusalem, la Bibliothèque de Salt Lake city, l’hôtel Marina Bay Sands à Singapour et bien d’autres.
« Les villes du monde entier présentent aujourd’hui une densité extraordinaire », a expliqué l’architecte Moshe Sfadie. « C’est trop. Le défi est de parvenir à humaniser cette densité, par des espaces ouverts, des jardins etc. Avec les changements du climat et le développement des transports, cette profession devient de plus en plus difficile, et je suis impatient de découvrir comment vous allez solutionner les problèmes de l’avenir », a-t-il ajouté, s’adressant aux étudiants présents.
Prix multinational
Le concours était divisé en deux catégories : un prix multinational, auquel les étudiants israéliens pouvaient également participer, et un prix réservé aux étudiants de l’Université de Tel-Aviv.
Dans la catégorie internationale : le 1er prix, remis par Moshé Sfadie, Samuel et Leslie Gelrubin, a été décerné à deux projets ex-æquo : « Interiorities » de Lila Bobrowicz, et « The Hanging Towers » de Niv Sharon et Benji Strauss, tous trois de l’Académie des Arts Bezalel.
Le projet « Interiorities » est situé dans un ancien quartier d’Eilat et propose la création d’un ensemble de structures communautaires (jardin public sur le toit accessible aux handicapés, cinéma avec un espace de projection extérieur à ciel ouvert, cour couverte adaptée aux étudiants du campus universitaire voisin, galerie, café, centre d’éducation dédié à l’environnement etc.), en utilisant les caractéristiques de l’environnement désertique, notamment en recouvrant les surfaces asphaltées existantes par des matériaux locaux.
Le projet « Hanging Towers » porte sur l’utilisation des piliers d’un pont ferroviaire situé près de Jérusalem, imaginant un système de gratte-ciel inversés connectés à la nature. Au sommet, la voie ferrée ; en descendant d’un étage, se trouve une plate-forme d’échanges menant au centre ville, puis à un niveau en-dessous, la rue principale avec des magasins et des marchés. Puis vient un étage de bureaux, des appartements et enfin, au niveau du sol des « penthouses » reliés à la nature.
Le 2e prix a été décerné à Suyu Fan de l’Université Mc Gill de Montréal, pour son projet « Food Cube », visant à mettre la production alimentaire à la portée de tous les foyers. « 80% des Américains vivent aujourd’hui dans des villes », explique Suyu Fan. « Les gens ont commencé à faire pousser de la nourriture sur leur toit et dans leur cour ». Son projet d’agriculture urbaine vise à créer un jardin communautaire et à l’associer à un laboratoire pour en faire un centre d’apprentissage et d’expérimentation pour la communauté locale « afin que les gens apprennent à faire pousser leur propre nourriture ».
Prix de l'Université de Tel-Aviv
Le 3e prix a été décerné à Kwok Chun Hei et Chu Long Yiu Dominic, de l’Université de Hong Kong, pour leur projet « Future of the lost », redonnant vie à des villages de pêcheurs de l’île de Ma Wan. Célèbre pour ses produits de la mer depuis plus de 400 ans, l’île servait également de poste douanier sous la dynastie Qing à la fin du XVIIe siècle. Dans les années 1990, un promoteur achète les terres et construit une station balnéaire de luxe, et les villageois partent en laissant leurs maisons à l’abandon. Le projet recrée un village de pêcheurs sur pilotis en bambou, comprenant un port et un marché aux poissons couvert, mais aussi un musée sur l’histoire de l’île.
Dans la catégorie des projets des étudiants de l’Université de Tel-Aviv, la première place a été attribuée à Zohar Naim, étudiante en 5e année de l’Ecole d’architecture et Barak Weizman, diplômé de l’Ecole pour leur projet conjoint : « Global Narratives ». Il s’agit d’une proposition de rénovation du musée de l’Holocauste à Montréal, qui tente d’établir un pont entre l’essence du bâtiment et l’environnement urbain quotidien dans lequel il se situe. « Nous avons créé un lien entre le « mondial » et le « local », au moyen de choix architecturaux et de matériaux liés au lieu, ainsi que par des rencontres entre la vie urbaine canadienne et la mémoire de l’Holocauste, enchevêtrant « sacré » et « profane » », ont déclaré Zohar Naim et Barak Weizman. «Nous sommes heureux d’avoir remporté le prix avec un projet qui renforce le lien avec l’identité juive, particulièrement à une époque où les questions touchant à l’identité et à l’essence de l’Etat juif et démocratique dans lequel nous vivons réémergent ».
Barak Weizman a également remporté la deuxième place pour son projet Transition, connectant l’ancien quartier de Newe Tsedek au nouveau centre d’affaire de Tel-Aviv, rencontre entre deux mondes. La troisième place a été remportée par les étudiants Adi Eshkol et Yotam Berkovitz, pour un projet de rénovation de l’ancien bâtiment d’ingénierie mécanique de l’Université de Tel-Aviv.
Photos:
1. De gauche à droit: Leslie Gelrubin, Zohar Naim, Barak Weizman, Moshe Sfadie, Samuel Gelrubin.
2. De gauche à droite: Amos Elad, Samuel Gelrubin, Moshe Sfadie, Leslie Gelrubin, le Prof. Eran Neuman.
3. De gauche à droite: Samuel Gelrubi, Leslie Gelrubin, Niv Sharon, Benji Strauss, Moshe Sfadie, le Prof. eran Neuman.
4. Le Prof. Eran Neuman, Yotam Berkovitz, Adi Eshkol et Michael Ziegler.
(Crédit: Noam Wind)