Une délégation du Conseil d’Etat, composée de Nicolas Jau, Auditeur, et Sylvain Humbert, Maître des requêtes, a visité la Faculté de droit de l’Université de Tel-Aviv le mardi 2 mai, à l’initiative de la Fondation France-Israël, et de sa Directrice Muriel Haim. Après avoir été reçus par le Prof. Yishai Blank, Doyen de la Faculté, Dorit Koskas, Vice-Doyenne chargée du développement et le Dr. Natalie Davidson, spécialiste de droit constitutionnel, les invités se sont rendus dans les cliniques juridiques, sous la conduite de leur directeur, le Prof. Omri Yadlin, où ils ont fait montre d’un vif intérêt pour les cas traités dans le cadre de ce système original, ainsi que pour les efforts d’intégration sociale de la Faculté.
Le Prof. Blank explique que la tendance traditionnelle, selon laquelle près de 55% des professeurs de droits israéliens faisaient leurs études aux Etats-Unis, en grande partie à cause de la langue anglaise qu’ils maitrisent parfaitement, est en train de changer : « Sur le plan géopolitique », dit-il, « le pouvoir des Etats-Unis est en train de diminuer, et on assiste à un déplacement vers l’Europe. Moi-même lors de mon année sabbatique, ai été professeur invité à Sciences Po. Mon séjour en France a constitué pour moi une expérience fantastique, très différente de ce que je connaissais ».
Façonner l'image du pays
Le Prof. Blanck rappelle également l’existence du programme d’échange de bourses entre l’Université de Tel-Aviv et Sciences Po, et explique que la plupart des collaborations entre les deux institutions se font autour des cliniques juridiques. « La Faculté de droit de l’Université de Tel-Aviv est la meilleure du pays, en compétition avec celle de l’Université Hébraïque de Jérusalem, et réputée dans le monde entier. Elle compte à présent 10 instituts de recherche, et le plus grand pourcentage de spécialistes d’histoire du droit du pays. Nos professeurs sont uniquement chercheurs et enseignants, et non des praticiens, ce qui leur donne une distance et une neutralité académique et explique l’excellence de leurs travaux de recherche approfondis. En revanche, nous avons neuf cliniques juridiques qui constituent une expérience unique pour nos étudiants et ont un grand impact sur la société. Enfin, la Faculté met l’accent sur la diversité et considère le droit comme un outil pour initier et conduire au développement social, économique et politique, et ainsi façonner l'image du pays ».
Ainsi la Faculté développe par exemple un programme d’excellence dans la périphérie, et un programme d’entreprenariat pour aider les étudiants à créer leur propre startup dans le domaine légal.
Le Prof. Omri Yadlin présente ensuite les cliniques juridiques de la Faculté : « Nous avons neuf cliniques juridiques dans les domaines suivants : Droit pénal, Droit du travail, droits des réfugiés, Droits de l’Homme, Recours collectif, Droit de l’environnement et droits des animaux, droits des rescapés de la Shoah, protection de la vie privée et Droit parlementaire. Nous employons 12 avocats à plein temps. Les étudiants les aident et obtiennent des crédits qui comptent pour leur diplôme. Ils sont assistés par neuf mentors académiques. C’est le plus grand service pro Bono du pays. Il est destiné d’une part à aider les personnes indigentes qui ne peuvent pas financer leur défense juridique, mais également aux NGO qui n’ont pas d’avocats, et il contribue à promouvoir des cas sociaux à large impact. Dans ce cadre, nous avons gagnés des cas énormes, comme celui des réfugiés d’Erythrée et du Soudan en 2018, et sommes en train par exemple de soumettre un recours collectif contre 30 usines et entreprises de la région de Haïfa pour morbidité cancéreuse causée aux résidents en raison de la pollution de l’air. Nos cliniques sont financées uniquement par des donateurs ».
Rappelons également que l’Université de Tel-Aviv vient de lancer le Centre Meïr Shamgar pour le droit numérique et l’innovation, et que le Prof. Yoram Dinstein, ancien Doyen de la faculté de droit et ancien Président de l’Université, vient de recevoir le prestigieux Prix Israël dans le domaine du droit international.
Photos:
1. de gauche à droite: Dorit Koskas, le Prof. Yishai Blank, Muriel Haim, Sylvain Humbert, un étudiant des cliniques de Droit, Nicolas Jau, le Prof. Omri Yadlin
2. de gauche à droite: Nicolas Jau, Muriel Haim, Sylvain Humbert et le Dr. Natalie Davidson
(Crédit: Université de Tel-Aviv)