Le prix Hugo Ramniceanu 2022 de l’Université de Tel-Aviv pour le meilleur entrepreneur d’Israël a été décerné à la femme d'affaires et philanthrope arabe israélienne Julia Zaher, PDG de l’usine de fabrication de téhina Al Arz Tahini (Téhinat Erez). Il lui a été remis lors d'une cérémonie particulièrement émouvante dans le cadre des évènements du Conseil des Gouverneurs de l’Université, en présence du Prof. Ariel Porat, Président de l’Université de Tel-Aviv, du Prof. François Heilbronn, Président de l’Association française de l’Université, du Prof. Jean-Claude Trichet, Gouverneur honoraire de la Banque de France et Président d’honneur de l’association, et des membres de la famille Barel-Ramniceanu.
En introduction de la cérémonie, le Prof. François Heilbronn a tenu à rendre hommage à deux anciens membres de l’association, entrepreneurs, philanthropes et grands donateurs de l’Université, Woolf Marmot et David Birène, disparus, l’un en janvier 2020, l’autre il y a trois mois. Il a rappelé que le Prix d’économie Ramniceanu a été créé il y a trente-cinq ans par Hugo Ramniceanu, premier Président de l’association française de l’Université de Tel-Aviv, qui avait eu la vision du rôle central de l’entreprenariat pour l’avenir d’Israël.
Entrepreneuse, philanthrope et pionnière sociale
PDG de la société Al-Arz Tahini à Nazareth, Julia Zaher a su transformer un produit local en une marque mondiale vendue dans 18 pays, y compris aux États-Unis, où la société a ouvert une filiale en 2019. C’est une des rares femmes PDG dans le monde des affaires israélien, et la seule du secteur arabe. Elle contribue depuis de longues années à améliorer la vie de ses compatriotes arabes israéliens par ses dons philanthropiques, en particulier les femmes, les handicapés et la communauté LGBT.
« Julia Zaher est à la fois une entrepreneuse, une philanthrope et une pionnière sociale », a déclaré le Prof. Porat. « Elle a pris un produit local et l'a transformé en une marque vendue dans le monde entier, et a largement contribué à donner une voix aux segments les plus faibles de la population au sein de la société arabe israélienne. Sa conscience sociale est en accord avec les priorités et les valeurs de l’Université de Tel-Aviv. Comme elle, nous comprenons, que, pour développer une économie saine et prospère, un pays doit avoir une société équitable et inclusive où chacun est valorisé et où chaque jeune peut développer son potentiel. L’obtention du prix Ramniceanu lui permettra de continuer de promouvoir un État d'Israël prospère et socialement responsable ».
« Madame Zaher est exactement le type de personne que mon ami Hugo avait à l’esprit en créant ce prix : quelqu’un qui allie l’esprit d’entreprise à un rôle de leader dans la communauté », a déclaré le Prof. Jean-Claude Trichet. « S’il nous regarde en ce moment il est certainement heureux de ce qu’il voit ».
«Le point commun de tout ce que je fais est l'amour et la foi»
Le Dr. Monique Barel, Gouverneure de l’Université de Tel-Aviv et fille du regretté Hugo Ramniceanu note les similitudes entre le parcours de son père et celui de la récipiendaire du prix. « Mon père a ouvert sa première usine à l’âge de vingt-cinq ans en Roumanie pendant la deuxième guerre mondiale. Comme lui, Julia Zaher a fait preuve d'un incroyable courage, en reprenant l’usine créée par son mari malgré la perte de celui-ci, alors qu’elle avait une formation de professeur de mathématiques et non d'entrepreneur. Elle a réussi à rembourser les dettes de l'entreprise et même à améliorer son processus de fabrication. C’est la seule femme arabe à la tête d’une usine en Israël, mais je suis certaine qu’elle sera un modèle pour beaucoup d’autres ».
« Le courage n’est pas l’absence de la peur, mais plutôt le fait de reconnaitre l’importance de quelque chose », a déclaré dans un émouvant discours la récipiendaire, qui a fait don de son prix pour une bourse d'études à une étudiante arabe israélienne de l’Ecole des sciences infirmières de l’Université de Tel-Aviv. « Veuve et mère de deux enfants à l’âge de vingt-deux ans, je n’ai alors pu envisager qu’un seul scénario : assumer la mission que m’avait laissé mon mari, assurer l’avenir de mes enfants et fabriquer la meilleure téhina du monde. Pendant deux décennies, je n’ai cessé de lutter pour ce qui me semblait important. Les crises sont devenues des leçons, les difficultés des tremplins. En 2015 nous avons déménagé l’usine de Nazareth à la zone industrielle Sagi 2000 dans la Vallée de Jézréel, et avons multiplié les ventes à l’étranger. Mais je n’ai jamais oublié d’où je viens, et me suis fait un devoir d’aider les moins fortunés. Le point commun de tout ce que je fais à la fois dans les affaires et dans le domaine de la philanthropie est l'amour et la foi ».
La cérémonie s'est terminée par la remise des bourses d’économie Hugo et Valerie Ramniceanu par leur fils Gerald, à trois étudiants de l’Université de Tel-Aviv, Ido Tel Tzur, Eden Cohen et Itay Nathan Cohen.
Elle a été enrichie d’intermèdes de musique ethnique par le musicien Sefi Hirsh Asfuri.
Photos :
- De gauche à droite : François Heilbronn, Monique Barel, Julia Zaher et le Prof. Ariel Porat.
- Jean-Claude Trichet
- De gauche à droite: Itay Natan Cohen, Ido Tel tzur, Gerald Ramniceanu et le Prof. François Heilbronn (Crédit photos : Ofer Amram)
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